ERASE
Un film de Nicolas Droin
Avec Junior Ngolongolo et Agathe Bourgeois
19min
2023
SYNOPSIS
Un jeune homme trompe son ennui en bravant chaque nuit le couvre-feu et en dessinant sur les murs. Malgré les interdictions, J. sort la nuit pour laisser un trait, une ligne, une couleur sur les murs de son enfermement. Un jour, quelqu’un.e semble «répondre» à son dessin par un autre dessin…
INTENTIONS
Erase s’est réalisé comme un geste, nécessaire, vital.
J’ai écrit ce film avec le désir de tourner de nouveau, de sortir dans les rues avec une caméra.
Suite aux confinements beaucoup de choses ont bougé dans nos têtes, dans nos vies intimes, dans la société en général. Comme d’autres, il nous arrivait de sortir la nuit, malgré les interdictions. C’était une période étrange. Il y avait aussi cette sensation de redécouvrir les lieux, vides et désaffectés des présences humaines. Comme un monde d’après l’homme.
Les murs d’une ville sont un espace d’expression, de projection de nos luttes ou de nos vies.
Ce sont des traces concrètes de nos espoirs ou de nos pensées qui s’y inscrivent. L’effacement des tags, graffs ou écritures sur les murs laisse souvent une trace : un carré, ou rectangle, d’une autre couleur que le mur, qui indique la présence d’une inscription que l’on a voulu cacher.
Cette stratégie d’effacement, de plus en plus rapide et courante, dénote une volonté qui me semble plus large et profondément politique, de ne pas laisser cet espace à la libre expression de nos révoltes.
À l’origine du film il y a tout d’abord un travail photographique dans la ville que je réalise depuis quelques années : une forme d’exploration ou de dérive dans les rues, sans trajet préalable, durant lesquelles je photographie les détails, murs, lumières ou motifs qui retiennent mon regard.
Cette pratique photographique solitaire a conditionné la volonté de faire un film en équipe réduite, avec un dispositif filmique léger, pour rester au plus proche de cette captation documentaire et poétique des lieux urbains. Le film est tourné à Montreuil, ville où je réside depuis quelques années et qui m’inspire par la diversité de ses habitants, de ses rues et de ses ambiances.
Le personnage du film (Junior Ngolongolo) dessine avec des craies de couleur des dessins simples, naïfs, entre le figuratif et le signe abstrait. Ses messages ne sont pas politiques mais son geste l’est. Il s’agit de sortir, de laisser une trace. Je voulais témoigner d’une forme de retour à l’enfance qui, quelque part, en chacun de nous, résiste.
Dans le film, se constitue une forme de langage non verbal (et non symbolique) entre Junior et Agathe : simplement un jeu de reprise ou de réponse d’un dessin à l’autre. Le film questionne la solitude, espace où on se retrouve et où parfois on perd pied. Junior pourrait sombrer dans le ressentiment, mais il reste à la limite. Pourtant la violence de ce monde brûle en lui. Il s’imagine ou découvre alors un alter-ego au féminin. Il ne s’agit pas d’un fantasme : elle existe.
Ils ne se rencontrent pas mais ils se répondent. Un dialogue silencieux commence : qui est-elle, elle, de l’autre côté ?
La jeune fille (Agathe Bourgeois) est seule elle aussi, même si elle suit les traces de Junior et si elle s’imagine le connaître. L’idée était de faire ressentir combien la solitude est universelle.
Dans Erase, la voix-off a été écrite sous forme épistolaire. Le temps même de la voixoff implique un après-coup, une réminiscence. Il ne s’agit pas d’expliquer mais de parler à distance à l’autre : cet autre inaccessible et invisible mais dont on sent la présence. Le fait de suivre la fille à la fin du film ouvre à un autre regard, un autre film possible, une brèche dans le réel.
Une part d’onirisme apparait dans les visions de J.. Je voulais montrer comment l’obsession mène au doute, à une forme de légère folie, de décalage par rapport au réel. J’aime beaucoup les ouvrages d’Haruki Murakami, sa manière de mêler des récits réalistes avec une forme d’onirisme. La solitude exacerbe les tensions et est génératrice de hantises, de peurs. J’aime quand le cinéma se situe sur cette frontière, fine, entre le réel et la fiction.
ERASE
Format tournage : Numérique 6K Raw
Format de diffusion : DCP - 4K - 1.85 - 5.1
Durée : 19 minutes
ÉQUIPE TECHNIQUE
Nicolas DROIN scénario et réalisation
Océane FARNOUX assistante à la réalisation
Lionel RIGAL, Christophe FRESSARD chefs opérateurs
Jérôme HARRE ingénieur du son
Océane FARNOUX régie générale
Bertille AJELLO régisseur adjoint
Manon LE GAL maquilleuse SFX
Nicolas DROIN montage
Christophe FRESSARD producteur délégué
Yiwei YAO assistant de production
Lionel RIGAL directeur de production
LES FILMS LUNAIRES production
COMÉDIENS
Junior NGOLONGOLO
Agathe BOURGEOIS
REMERCIEMENTS
La Mairie de Montreuil
La Babcockerie / Namasté
Le Bistrot du Marché
Poissonnerie 2M
LAND A
Un film de Nicolas Droin
Avec
Jeanne Ben Hammo et Anne-Marie Marques
Dans une forêt, j’ai senti à plusieurs reprises que ce n’était pas moi qui regardais la forêt.
J’ai senti certains jours, que c’était les arbres qui me regardaient, qui me parlaient…
Moi j’étais là, écoutant…
Je crois que le peintre doit être transpercé par l’univers et non vouloir le transpercer…
J’attends d’être intérieurement submergé, enseveli.
Je peins peut-être pour surgir.
André Marchand
Quelques mots…
Land a est un projet filmique initié en 2006 avec Jeanne Ben Hammo, plasticienne, et Anne-Marie Marques, metteure en scène et comédienne.
Dès l’origine le projet se construit autour de deux figures de femmes et deux approches de la création. Une première approche, portée par Jeanne, tourne autour de la peinture. Une seconde, portée par Anne-Marie, tourne autour - initialement - du land art, de l’action dans la nature.
Ces deux formes ne s’opposent pas mais proposent plutôt une série de variations autour des multiples approches qu’un.e artiste peut avoir de l’espace, des lieux, de la nature, entremêlées avec la création artistique.
La création artistique et le rapport à l’espace ici pensés ou vécus dans leur double mouvement incessant de dedans-dehors.
Le film est non dialogué. Il ne s’agit pas d’un film sur un thème, ni d’un projet théorique. Il s’agit plutôt d’entrer dans cette expérience de la création, dans ses mouvements, ses doutes, ses réminiscences, ses parcours.
Le film est composé de deux parties. L’une autour de la figure de Jeanne. La seconde autour d’Anne-Marie. Chaque partie se décompose en trois blocs ou mouvements.
Le montage du film, initié dès le début du tournage, de part la multiplicité des approches, variations et raccords possibles recherchés au tournage a pris des années et a nécessité un temps de recul, un temps long, pour trouver sa forme.
Terre, n’est-ce pas ce que tu veux, invisible en nous renaître ?
Rainer Maria Rilke
On imagine un mouvement...
(hypertexte)
LAND A - on imagine un mouvement
.
EVERY NIGHT ENDS
Un film de Nicolas Droin
Avec Elisa Ducret, Valentin Johner, Garance Rigoni, Samy Souiou
50min
2020
Un groupe d'amis pris dans le mouvement d'une nuit à Paris, lors de la fête de la musique. Au cours de la soirée, le groupe se forme et se déforme, dessine ses propres cercles. Puis chacun repart vers son espace, jusqu'à s'y fondre...
« Dans les constellations changeantes de la meute, dans ses danses et ses expéditions, l’individu se tiendra toujours à son bord. Il sera dedans et aussitôt après au bord, au bord et aussitôt après dedans. Quand la meute fait cercle autour de son feu, chacun pourra avoir des voisins à droite et à gauche, mais le dos est libre, le dos est exposé découvert à la nature sauvage »
Elias Canetti, Masse et puissance
NOTES SUR LE FILM
Nous nous sommes constitués comme un groupe fragile, un soir de fête de la musique. Nous nous connaissions peu, nous nous découvrions. Chacun était reparti chez lui au petit matin, et je m'étais dit que peut-être nous ne nous reverrions plus. C'est ce sentiment d'une soirée intense, simple mais fragile qui m'a donné l'idée de réaliser un film à partir de cette nuit. Le sentiment diffus de ne plus jamais se revoir s'est transformé en une idée plus fantastique. J'ai eu envie d'associer dans un film ces deux mouvements en apparence contradictoires : un réalisme "brut", proche du documentaire, avec une vision fantastique et poétique.
Une sombre mélancolie, comme la prémonition d'un terrible événement à venir, la "peur d'une catastrophe qui a déjà eu lieu", contamine lentement le film. Derrière l'insouciance et la joie d'une soirée de fête, je voulais être au plus près d'une jeunesse souvent si mal dépeinte et caricaturée au cinéma. Etre au plus près des discussions réelles lors de soirées, de ce flottement des pensées, des craintes et des désirs. De l'absence de sens ou du sentiment de solitude aussi qui parfois nous étreint, tandis que nous sommes auprès des autres.
Le film ayant été tourné en 2016, nous étions encore marqués par les attentats parisiens, mais également par le mouvement de la jeunesse contre la "loi travail", réprimé dans la violence par l'état et sa police. Quelque soit notre place, spectateur ou acteur, au sein des événements récents, nous nous sentions tous changés, bougés, perturbés par ceux-ci. Cette mélancolie qui plane, cette crainte que la fête s'arrête ou tourne au cauchemar est empreinte de cette sensation.
Tourner vite, avec des proches, retrouver les sensations d'un premier film. Tourner sans scénario, sans scripte, sans obligations. Tourner dans la rue, la ville, qui s'offre à nous. Intégrer l'accident, intégrer la beauté de ce qui survient, l'éphémère. Retrouver la liberté.
Nicolas Droin
LE PHOTOGRAPHE
De Nicolas Droin
Avec Valentin Johner, Laura Mariani, Jeanne Ben Hammo, Arnaud Dupont, Fred Perez
37 minutes
2017
Pierre photographie un couple sur un terrain de sport puis, avec son amie, imagine une série d'histoires possibles autour de ce couple, jusqu'à sombrer, lui-aussi, dans l'un de ces récits...
« Je crois que je sais regarder et je sais aussi que tout regard est entaché d’erreur, car c’est la démarche qui nous projette le plus hors de nous-mêmes, et sans la moindre garantie, (…) »
Julio Cortazar, Les fils de la vierge.
VARIATIONS
Les mots laissent une trace une fois prononcés. Ils impliquent des mondes, des vies, des possibles.
Le scénario du film se tisse des histoires possibles qui se développent à partir d’un événement anodin : un couple sur un terrain de sport, un photographe, un troisième homme qui observerait la scène. Comment d’un geste, d’un regard, d’une image, naissent des récits, parfois contradictoires.
Dans ce scénario, qui s’inspire librement d'une nouvelle de Julio Cortazar, Les fils de la vierge, il ne s’agit pas de citation ou de mise en abîme. Le film multiplie les séquences parallèles, et les points de vue, pour essayer de donner à entendre et voir les variations qui se trament à partir d’un événement, d’une image, d’un mot.
RYTHMES
Le défi du montage à été de trouver le bon rythme pour construire et déconstruire ces récits multiples et superposés. Comment et où commencer un récit, comment et où l'arrêter ? Peut-on arrêter un récit, couper dans sa rythmique propre ? Comment passer d'un rythme à un autre ?
Le travail de montage a consisté à déplacer, condenser, les blocs de récits afin de leur laisser leur propre espace pour apparaître et leur propre espace de résonance. Je pense que les récits, s'ils peuvent se suffirent à eux-mêmes et engendrer des mondes autonomes, n'existent que si l'on laisse au spectateur un espace libre, un temps, pour que les mots résonnent.
« Il fixa l’agrandissement sur un mur de la chambre et passa un bon moment, le premier jour, à le contempler et à se souvenir, en cette opération comparative et mélancolique du souvenir face à la réalité perdue ; souvenir pétrifié comme la photo elle-même où rien ne manquait, pas même ni surtout le néant, le vrai fixateur, en fait, de cette scène. »
Julio Cortazar, Les fils de la vierge.
LIEUX
L'idée du Photographe m'est venue de l'association de la nouvelle de Cortazar, du film Blow up et d'une promenade dans le parc des Beaumonts à Montreuil. Il a fallu ensuite écrire un parcours dans la ville qui soit aussi un parcours dans la narration et un parcours mental. Comme si les cartes se superposaient. Ou, peut-être, comme s'il n'y avait plus de carte.
L'une des idées initiales était de déplacer et de dépayser les événements : le parc serait le lieu de la discussion, non celui de l'événement et la photographie initiale devait être prise dans un endroit en tout point opposé à un parc. Le terrain de sport présente cet espace plat, où l'on ne peut se cacher, vide, ouvert, l'inverse des méandres et recoins d'un parc.
Les rues de Montreuil, son architecture entre ville post-industrielle et ville résidentielle, ses tags, tous ces éléments sont venus, à un moment ou à un autre, nourrir le film, lui donner corps, forme.
Un repérage photographique a été réalisé pendant l'écriture du scénario :
LE-PHOTOGRAPHE-Repérage-N.DROIN.pdf
PHOTOGRAPHIES DU TOURNAGE
Par Stéphanie Gutierrez-Ortega
LE PHOTOGRAPHE
37 minutes - 2017
Ecrit et réalisé par Nicolas Droin
Avec
Valentin Johner
Laura Mariani
Jeanne Ben Hammo
Fred Perez
Arnaud Dupont
Aide à l'écriture
Jeanne Ben Hammo
Aide à la mise en scène
Marie Cogné
Assistante image
Stéphanie Gutierrez Ortega
Ingénieur du son
Philippe Belloteau
Aide au tournage
Cécile Achin
Musique originale
Alexandre Deschamps
César Frank,
Prélude en si mineur et Variation en si mineur
interprétés par
Vincent Leterme
Enregistrement piano
Philippe Belloteau
Paulin Amato
LIGNES
Série de films documentaires sur Paris. Au rythme de la marche, de la déambulation, des parcours multiples de la ville/labyrinthe.
Initiée en 2003 par Prosper Hillairet et Nicolas Droin.
Pour retrouver le blog de Paris Lignes :
http://parislignes.blog4ever.com/blog/index-340484.html
Les films de la série LIGNES :
http://www.dailymotion.com/parislignes