dans la série des
INSTANTS
de Prosper Hillairet
ERASE
Un film de Nicolas Droin
Avec Junior Ngolongolo et Agathe Bourgeois
10min
2024
But the impact of everything resonates
blog créations/écrits - nicolas droin
@interstices05
LAND A
un film de Nicolas Droin
avec
Jeanne Ben Hammo et Anne Marie Marques
"L’ensemble s’imposait à elle avec tant de netteté, quand elle regardait ; c’est à l’instant où elle se saisissait de son pinceau que tout changeait. C’est pendant ce vol éphémère entre l’image et la toile que les démons se lançaient sur elle, l’amenaient plus d’une fois au bord des larmes, et rendant ce passage de la conception à l’exécution aussi terrible que pour un enfant la traversée d’un couloir obscur. Cette sensation, elle la connaissait bien lorsqu’elle livrait un combat terriblement inégal pour conserver son courage ; pour affirmer : « Mais c’est cela que je vois ; c’est cela que je vois » et par là serrer contre sa poitrine un misérable lambeau de sa vision, que mille forces s’acharnaient à lui arracher."
Virginia Woolf
Il produit sans s'approprier,
L'outre-vie c'est quand on n'est pas encore dans la vie, qu'on la regarde, que l'on cherche à y entrer ;
On n'est pas morte mais déjà presque vivante, presque née, en train de naître peut-être,
dans ce passage hors frontière et hors du temps qui caractérise le désir.
Désir de l'autre, désir du monde.
Que la vie jaillisse comme dans une outre gonflée.
Et l'on est encore loin. L'outre-vie comme l'outre-mer ou l'outre-tombe.
Il faut traverser la rigidité des évidences, des préjugés, des peurs, des habitudes, traverser le réel obtus pour entrer dans une réalité à la fois douloureuse et plus plaisante, dans l'inconnu, le secret, le contradictoire, ouvrir ses sens et connaître.
Traverser l'opacité du silence et inventer nos existences, nos amours, là où il n'y a plus de fatalité d'aucune sorte.
Marie Uguay
EN ROND
nicolas droin - autoportrait janvier 2016
Le cinéma est une écriture où les paysages, les corps,
les pensées et les émotions se fondent les unes dans les autres dans un mouvement,
un flux, de matière et de lumière.
Sans cesse l’espace se déploie, puis se comprime, se pli, puis se déplie,
selon les axes de la caméra et les mouvements à l’intérieur du cadre.
Rien n’est fixe et tout bouge.
Le cinéma est sans doute cet art jamais chez lui et toujours ailleurs,
cet art en perpétuel exil, cette poésie du mouvement,
et le cinéaste est ce poète errant,
qui tente de rassembler dans l’obscurité de la caméra,
les « fragments intermittents et opposites » du paysage décomposé.
Nicolas Droin
PREMIERS FILMS
FRAGMENTS INTERIEURS (2003)
FRAGMENTS EXTERIEURS (2004)
(+)
POUR UN CINEMA NOCTURNE
« Impose ta chance,
serre ton bonheur et va vers ton risque.
A te regarder, ils s’habitueront. »
René Char
Voyons, la vie est-elle très solide ou très précaire ?
Je suis hantée par ces deux idées opposées.
Cela dure depuis toujours ; cela durera toujours,
va jusqu’au tréfonds du monde sur lequel je me tiens à cette minute même.
Mais elle est également transitoire, passagère, diaphane.
Je passerai comme un nuage sur des vagues.
Virginia Woolf, Journal, janvier 1929
Le Vertige des possibles (V. Perelmuter)
" Tu sais, à la même heure tous les soirs
j'ai l'impression que le monde devient phosphorescent"
Neige (J.H. Roger, Juliet Berto)
Parce qu’il est revenu pour en prendre conscience au fonds d’expérience muette et solitaire
sur lequel sont bâtis la culture et l’échange des idées,
l’artiste lance son œuvre comme un homme a lancé la première parole,
sans savoir si elle sera autre chose qu’un cri.
Le sens de ce que va dire l’artiste n’est nulle part,
ni dans les choses, qui ne sont pas encore sens, ni en lui-même, dans sa vie informulée.
Maurice Merleau-Ponty
3 X
LE GRAND HÔTEL
DES BAINS
Grand Hôtel des Bains
Lido - Venise
Décembre 2013
réminiscence spectrale
de l'hôtel
de Mort à Venise
Lieu de
Thomas Mann et
Luchino Visconti
Alors, ce qui est donné, ce n’est pas la chose nue, le passé même tel qu’il fut en son temps,
mais la chose prête à être vue, prégnante, par principe aussi bien qu’en fait,
de toutes les visions qu’on peut en prendre,
le passé tel qu’il fut un jour, plus une inexplicable altération, une étrange distance-relié,
par principe aussi bien qu’en fait, à une remémoration qui la franchit mais ne l’annule pas.
Ce qu’il y a c’est un « écart ».
Maurice Merleau-Ponty
HORS
LIEUX
texte et image : Nicolas Droin
sur nos ruines modernes, les entre-lieux de nos villes et forêts,
espaces de mémoire et de solidification du fluide,
pour une poétique des lieux
La faculté d’abstraire est essentielle à toute création artistique. L’abstraction permet au metteur en scène de franchir l’obstacle que le naturalisme lui oppose. Elle permet à ses films de n’être plus seulement visuels, mais spirituels.
Henri Agel, L’Espace cinématographique
On voudrait arriver quelque part avec cette
émotion. Ecrire par le dehors peut-être, décrire
les choses qui sont là, présentes. Ne pas en
inventer d’autres.
Marguerite Duras, La mort du jeune aviateur anglais
Blanche-Pigalle-Barbès
Nouvelle vidéo de la série LIGNES
Un film de Nicolas Droin et Prosper Hillairet
avec Jeanne Ben-Hammo
Parcours/hommage au film NEIGE
réalisé par Juliet Berto et Jean-Henri Roger
L'EXPERIENCE
Le poète est un habitant de deux mondes,
l'un qui meurt, l'autre qui lutte pour naître.
Virginia Woolf
La plupart des îles de la nouvelle réalité sont difficilement accessibles.
Seul, le domaine cinématographique entrouvre sa porte au grand public.
A tout spectateur un tant soit peu attentif, l’écran révèle un soupçon,
au moins, d’un univers fluide et métalogique ; qui l’encourage à penser
en dehors de la rigueur rationnelle, grammaticale et syntaxique,
en rupture et en marge des mots, au-delà et en deçà d’eux.
Jean Epstein
Il y aurait
une écriture
du non-écrit.
Un jour ça arrivera.
Une écriture brève, sans grammaire,
une écriture
de mots seuls.
Des mots
sans grammaire de soutien.
Egarés. Là, écrits.
Et quittés aussitôt.
Marguerite Duras
« Ecrire de tout son corps » : empreindre.
Non pas seulement laisser trace, mais croire qu’un corps peut tout (donner, souffrir, aimer)
dans l’absolue certitude de sa perte ; dans sa quête infinie du sacré.
Savoir qu’en ce point où le corps est d’encre, de peinture, de sang,
le livre n’est plus rien, rien d’autre que le corps, périssable, immortel, silencieux.
En ce lieu de silence, des voix se lèvent, pourtant.
Se regardent. Se prêtent mutuellement vie, s’apprivoisent.
Choses tues en dialogue, dans le silence bruyant de la couleur,
le désordre des traits, la complicité des plis.
Il y a là livre.
Aussi tout est-il à recommencer.
Stéphane Mallarmé
Le double par multiplesdv
Ce qui est premier, ce n’est pas le commencement, mais le recommencement,
et l’être, c’est précisément l’impossibilité d’être une première fois
Maurice Blanchot
Je ne sais si tu comprendras que l'on puisse dire de la poésie
rien qu'en arrangeant bien les couleurs...
De même les lignes bizarres cherchées et multiplées,
serpentant dans tout le tableau
doivent non pas donner le jardin dans sa ressemblance vulgaire,
mais nous le dessiner comme vu dans un rêve,
à la fois dans le caractère et pourtant plus étrange que dans la réalité
Vincent Van Gogh
Quand je fais un film, je me mets en état de fascination devant un objet,
une chose, un visage, des regards, un paysage…
Pier Paolo Pasolini
Il m'arrive parfois de penser que je suis le rayon de soleil. (...)
Que je fais partie de la boue, du brouillard et de l'aube.
Virginia Woolf
Il faut qu'une image se transforme au contact d'autres images
comme une couleur au contact d'autres couleurs.
Un bleu n'est le même bleu à côté d'un vert, d'un jaune, d'un rouge.
Pas d'art sans transformation.
Robert Bresson