LAND A - on imagine un mouvement
On imagine un mouvement…
(hypertexte, suivez les liens...)
Je décide de sortir dehors. De passer le seuil. D’entrer dans un monde qui m’est encore inconnu. J’avance, lentement, dans l’obscurité. Tâtonnant, hésitant. Tout est sombre et sans forme. Un magma. Un chaos. Puis une forme émerge du chaos, un rayon de lumière laisse apparaître des lignes qui forment un chemin, un couloir.
J’emprunte ce couloir. Toujours le même couloir et en même temps celui-ci est différent. J’emprunte en même temps ce chemin. Toujours le même chemin et en même temps un autre chemin.
Je suis déjà venu ici. Sensation de déjà-vu. De répétition. Cette forêt, cette lumière. Je tourne en boucle, me perd déjà, dans les couloirs, les portes, les chemins. Je reviens.
Au bout du chemin un étang. Une étendue d’eau. Ou serait-ce une rivière, une cascade ? Au bout du chemin une clairière, un champ.
Au bout du chemin une maison. Dans la maison : au bout du couloir une autre porte. Au bout du couloir une fenêtre. Cette maison, toujours la même, toujours autre. Elle est sombre et lumineuse, petite et grande. Elle comporte un nombre indécidable de pièces. Dans une de ces pièces il y a une chaise je crois. Une chaise en bois. A moins que ce ne soit au milieu du champ.
Cette chaise, abandonnée. Seule. Elle me regarde. Puis je me retourne et m’aperçoit que la maison est ouverte sur l’extérieur. Sur la nature. Une maison abandonnée. C’est l’expression. Abandonnée elle aussi. Laissée seule. Ruine, se disloquant, s’effondrant sur elle-même. Le temps la ravage et la ronge. Le temps la déconstruit, la déforme. Forces invisibles. Le vent, la pluie, le feu sont venus la transformer. Depuis la maison je peux regarder dehors, à travers la fenêtre ouverte. Depuis le chemin je peux regarder autour de moi.
Je reste un temps. J’occupe un lieu. Je délimite un territoire pour ce que j’ai à faire. Pour délimiter un territoire je dois tirer un fil, tracer un cercle. Puis tisser une toile. J’apporte des branche et construit une cabane, un abri, une grotte.
D’ici je peux veiller, observer, me reposer. J’ouvre un livre. A l’abri du reste du monde. Et en même temps, d’ici, j’entends le chant des oiseaux, les gouttes de pluie viennent percer mon sommeil, le vent perturbe ma lecture. Je suis dedans/dehors. Car je suis encore sur le chemin, dans le couloir, à la fenêtre, sur le seuil de la porte. Ai-je bougé ?